« Le fin mot de l’énigme doit être
apparent tout au long du roman, à condition, bien entendu, que le lecteur soit assez
perspicace pour le saisir. Je veux dire par là que si le lecteur relisait le
livre, une fois le mystère dévoilé, il verra que,dans un sens, la solution
sautait aux yeux depuis le début, que tous les indices permettaient de conclure
à l’identité du coupable…. » .
Cette règle figure parmi les vingt règles de Van
Dine, Agatha Christie adopte cette règle. Qui fait l’originalité de son
écriture. Agatha Christie est née le 15 septembre 1890 sous le nom Mary Clarissa Miller. Agatha Christie, est
une femme de lettres britannique, auteur
de nombreux romans policiers. En effet les romans d’Agatha Christie figure
parmi les best seller ; 300 millions livres vendus en 103 langues. Elle est connue sous le nom de « la reine du crime », c’est une
femme qui aime le risque. Et cela est très apparent dans ses romans. la plus
part de ses romans se déroule à huis clos ce qui permet au lecteur de deviner
le criminel . Parmi ces romans on trouve : Le Meurtre de Roger Ackroyd (1926),
La Mystérieuse Affaire de Styles
(1921), Drame en trois actes (1935), ….etc.
Mort sur le Nil
figure parmi les romans qui ont connu une adaptation cinématographique. Il met en scène le charme d’un décor exotique du
Nil. Le choix du titre se révèle une pure inspiration. L’étude consiste à montrer en
première partie le mystère que dégage le récit. quels sont les éléments qui
indique le mot policier et par ricochet énigme. Ensuite analyser le sentiment
que prouve le lecteur d’un récit d’énigme notamment l’interprétation que doit
le lecteur adopter dans Mort sur le Nil les questions qui suscitent sa curiosité.
Ensuite la seconde
partie qui est centré sur le roman et les procédés que utilise Agatha Christie
pour la mise en intrigue, on connaît que le roman policier transgresse les règles
d’écriture. Cette transgression que le
romancier utilise, provoque la
curiosité du lecteur.
Parler notamment le rôle du point de vue, des
anticipations enfin le ralentissement du récit à produire le suspense et la curiosité.
Enfin le dernier parti se base sur l’analyse de quelques extraits tirés de l’adaptation
d’une série télévisée réalisée par Andy Wilson en 2004. La question est de
savoir comment transcrire ces procédés
purement littéraires dans une scène filmée.
I Mort
sur le Nil en quoi est-il énigme ?
Le récit d’énigme est un récit fictif
ou réel. Selon Todorov, le
roman à énigme est constitué
de deux histoires: la première est celle du crime, la seconde qui survient
ensuite, celle de l'enquête. Le détective (et le lecteur avec lui) tente de
comprendre ce qui s'est passé. C'est une activité purement intellectuelle, le
détective est invulnérable, à aucun moment sa vie n'est menacée.Agatha Christie
obéit à cette structure du récit.
Elle est connue
sous le nom « la reine du crime ». Née en 1890, c’est une femme qui aime le risque et cela est
très apparent dans ses intrigues criminelles. Dans ses romans, il est question
le plus souvent d’un espace isolé, un
espace quasiment fermé, coupé du monde extérieur : dans un avion « La
mort dans les nuages 1935 » sur une
île « Dix petits nègres 1939 ».Ce choix de décor est très
significatif car selon Combes il verrouille l’espace, ce qui permet au lecteur
d’essayer d’identifier le coupable avant la fin du récit.
1.1
la structure de Mort sur le Nil :
« Mort sur le Nil » est
la version traduite de « Death on the Nil » qui paru en 1937. Cependant la version traduite est
parue en 1999. Toutefois ce roman a
connu aussi des adaptations cinématographiques et des jeux vidéo. Je me contenterai
d’abord de l’analyser en tant que récit.
Quels sont les éléments qui le
définissent comme énigme ? Telle est la question que je vais traiter :
D’abord dans tous les romans d’Agatha
Christie on trouve : une énigme, des indices, une enquête, un détective.
L’énigme : une étape importante qui est la source du récit.
Etant donné qu’elle évoque une question posée des les premiers chapitres suivie
d’une réponse qui se complète au fil de l’intrigue. Telle est la structure
syntagmatique de Mort sur le Nil. Le surgissement d’un problème principal va tisser
d’autres problèmes qui lui sont secondaires. La totalité de ces problèmes vont
trouver leur réponse principale à la résolution.
Du chapitre 1 à 3 : la
présentation des personnages, des comportements, du cadre exotique du Nil.
De 6 à 12 : Linnet
Ridgway : menace plus meurtre. Qui a tué Linnet Ridgway ?
De 12 à 31 : l’enquête menée
par Hercule Poirot dans le but d’éclairer ce meurtre d’une part et de retrouver l’identité du meurtrier. Bref
l’intrigue est centrée sur la ou les victimes.
(Dans cet même enquête le
détective se trouve confronté à d’autres énigmes secondaires qui ont un lien avec celle qui se trouve au
centre : le meutrte de Luise Bourget et Outerbourne ces deux meurtres sont
en lien avec la première.
L’indice : Dans Typologie des « morphèmes
herméneutiques » , Barthe classe l’indice comme la réponse suspendue,
la réponse partielle, la promesse de réponse. En effet l’indice constitue un élément
essentiel pour l’énigme policière. L’indice est considéré comme un élément primordial
dans le récit. C’est lui qui permet à l’enquête d’avancer dans Mort sur le Nil .
On découvre différents indices.
D’abord, comme le revolver
avec lequel on a tué Linnet, un petit morceau d’un billet retrouvé entre les doigt
de Louise Bourget… par exemple constitue un indice pour Hercule Poirot car son
meurtre a une liaison avec le meurtre de Linnet Doyle (elle a vu Simon Doyle
pénétrer dans la chambre de Linnet). Cela va permettre à Hercule Poirot de
faire un rapprochement avec le jour ou elle fut interrogée et par ricochet va éclairer l’affaire.
Par ailleurs, avant cet indice,
le lecteur comme le détective se trouvent confrontés à un autre détail bizarre.
On ne comprend pas qui a tué Linnet et le
seul indice qui existait dans la chambre était la lettre « J »
Jaqueline de Bellefort mise en évidence dans le mur, mettant en cause la
culpabilité de Jacqueline. Mais on apprend que Jacqueline ne peut pas être la responsable
car elle a un alibi : la nuit du meurtre Jacqueline se trouve avec l’infirmière
après avoir tiré sur Simon ». Ce détail va bouleverser l’enchaînement des
faits car Jaqueline comme Simon ont un alibi qui fait qu’ils sont épargnés de l’affaire
du meurtre. Cela va provoquer d’autres interrogatoires du genre : qui peut
être l’assassin ? Mais à la fin du roman on découvre que c’étaient bel et bien
les responsables du meurtre et qu’ils ont bien dissimulé leur complicité pour
mener à bien ce crime.
Le
leurre :
Le leurre constitue une
information fausse que la romancière prend le soin de mettre pour égarer le lecteur ou l’interprète. Par
exemple, comme déjà cité avant le « J » qui figure dans la cabine de
la victime constitue une « détectande
matérielle ».
Le collier de perles perdu constitue
est lié au meurtre de Linnet Ridgeway est considéré comme leurre car le bijou a été volé bien avant
le meurtre, plus encore les soupçons portés sur
Tim se révèlent faux à la fin du récit.
Bref, Mort sur le Nil obéit à la
structure du récit d’énigme. On y retrouve deux histoires. La première est
celle du crime. Dans l’incipit du roman, on assiste à une présentation des
personnages et du cadre. Un bouleversement va se produire. Le conflit prend de
l’ampleur entre Jaqueline et Linnet. Le récit de l’enquête occupe la majeure
partie du roman d’énigme. Une enquête menée par Hercule Poirot qui grâce à sa
méthode psychologique caractérisée par le raisonnement et l’observation,
parviendra à trouver l’auteur des crimes successifs. Plusieurs car le
meurtre principal va engendrer d’autres
victimes chambre et Mrs Outerbourne.
En conclusion Mort sur le Nil obéit
d’abord à la structure policière : un coupable, un détective, une enquête,
une victime, un mobile, un indice. De
plus, il dégage un mystère qui va entraîner une curiosité et un suspens qui
vont être développés dans la sous- partie suivante.
1.2
Le lecteur en tant qu’acteur implicite :
Le lecteur christien participe à sa manière dans le récit d’énigme. Son rôle est de
chercher le coupable. Bref enquêteur comme lecteur participent à la même
recherche. Par ailleurs souvent l’interprète se trompe dans sa démarche de
recherche.Il a moins de chance par rapport à l’enquêteur d’éclairer une
situation obscure. Face à un bon nombre « de détectandes » fournies
par Agatha Christie, sa tactique est considérée comme imminente : ne
rien faire transparaître avant la résolution. La romancière crée des indices et
des leurres qui ont pour rôle d’équilibrer l'intrigue. Cependant le lecteur face
à ces indices et leurres essaye de créer différentes interprétations, de ne
plus tenter de classer ce qui peut être des indices d'un coté et des leurres de
l’ autre, mais plus vite s'écarte et n'ayant pas à la fin la même déduction
que l'enquêteur
Dans Mort sur le Nil on
est devant un chalenge. On est même à l’intérieur du roman. L’effet est très intense
ce qui nous permet de se poser des questions sur les circonstances de la mort
de Linnet. Qui a pu tuer Linnet ? Le surgissement brutal de cette scène
dans le roman suscite en nous beaucoup de curiosité car on ignore
les causes de ce meurtre. En effet
l’enquête provoque la construction du crime c'est-à-dire qu’elle lui attribue
ses caractéristiques. Le crime prendra forme que par l'enquête qui va décrire
ou dévoiler l'intention de l'assassin, à savoir : comment et avec
quels méthodes on a commis ce
crime ? C'est-à-dire que le récit n’est pas chronologiquement linéaire.
C’est un récit dont les évènements sont manipulés c'est-à-dire bouleversés. Je
le montre dans cet exemple lors de la découverte du cadavre (Linnet Ridgeway)
qui était « tuée d’une balle à la tête » Hercule Poirot
retourne en arrière pour évoquer l’intention de Jacqueline à vouloir tuer Linné
et de cette manière là :
Hercule
Poirot venait de se raser et s’essayait le visage quand un coup rapide fut
frappé à sa porte sur quoi le colonel Race entra sans plus de cérémonie et
referma derrière lui.Votre instinct ne vous avait pas trompé, dit il. C’est
arrivé. Poirot se redressa.qu’est ce qui est arrivé ? demanda t il
vivement. Linnet Doyle est morte ….tuée d’une balle dans la tête pendant la
nuit. Poirot resta silencieux un moment, deux souvenirs lui remontaient à la mémoire,
partiellement vivaces : une fille dans un jardin à Assouan qui lui disait
d’une voix rauque et un peu haletante : j’aimerais poser mon joli petit
revolver sur sa tempe et puis presser sur la détente … »et, encore plus
précisément cette voix lui disait :
« C’est par des journées comme ça que tout d’un coup…bing !
L’écrivain d'une énigme est face à une
contrainte. Celle de la réflexion sur la narration. En effet la narration est
une organisation d'événements, les uns en fonction des autres.
Eri eisenzeweig reprend la même idée:
Le modèle narratif policier se définit ainsi comme un récit qui en
cherche un autre, le premier découlant de la découverte (ou de l'anticipation)
d'un crime, le second fournissant l'identité du criminel, ses motivations et les
modalités de son acte. ( le récit p 266
Si l'on suit la citation qu'en donne Todorov sur
le récit d'énigme:
Ce roman ne
contient pas une mais deux histoires: l'histoire du crime et l'histoire de l'enquête.
Dans leur forme la plus pure, ces deux histoires n'ont aucun points en
commun.[...] La première histoire, celle du crime, est terminée avant que ne
commence la seconde. Mais que se passe t-il dans la seconde? Peu de choses. Les
personnages de cette seconde histoire, l'histoire de l’enquête, n'agissent pas,
ils apprennent.2 P265.
L’écrivain d'une énigme est face à une
contrainte. Celle de la réflexion sur la narration. En effet la narration est
une organisation d'événement les uns en fonction des autres.
Eri eisenzeweig reprend la même idée:
Le modèle narratif policier se définit
ainsi comme un récit qui en cherche un autre, le premier découlant de la
découverte (ou de l'anticipation) d'un crime, le second fournissant l'identité
du criminel, ses motivations et les modalités de son acte »
La curiosité, le suspense dans
la réception d’une œuvre ?
Nombreux sont les critiques qui
ont travaillé sur la tension textuelle autrement dite narrative.
Iser comme Eco ont travaillé sur
l’activité interprétative dans le cas du suspense et la curiosité.
En effet la présence du suspense
se révèle présente quand l’interprète (le lecteur) souhaite impatiemment
connaître une résolution, surgit un retardement de la réponse présentée sous
forme de dissimulation textuelle (fin de ralentissement de l’action, fin de
chapitre, péripétie,etc….).La question qui caractérise le suspense est :que
va-t-il arriver ?
Comme le
détective le lecteur participe avec l’enquêteur pour dévoiler l’identité du
meurtrier La seule différence est que Hercule Poirot est à l’intérieur et
va chercher méticuleusement les indices et
les détails qui semblent pertinents pour sa recherche. Le lecteur est à l’extérieur
du récit et analyse les mots.
Mort sur le Nil affirme ces deux
sentiments que je viens de mentionner. J’ai choisi deux moments importants
qu’on peut appeler l’anticipation d’un crime. La scène de rencontre entre
Linnet Doyle et Hercule Poirot : Linnet sollicite Poirot pour la tentative
de persécution qui découle de Jacqueline De Belfort. Par ailleurs la persécution
est justifiable car Jacqueline est triste d’être trahie par son fiancé Simon et sa meilleure amie. Ce qui est étrange dans
cette scène est la fusion qui unissait Jacqueline de Bellefort et Simon Doyle.
Quelques mois plus tard on apprend leur séparation. Agatha Christie ne nous
montre pas les causes, il y a rupture dans le temps.
Second moment : la rencontre
entre Jacqueline de Bellefort et Hercule Poirot s’avère importante car c’est là
ou va se nouer l’intrigue. On apprend son intention de vouloir se venger. En
effet la conduite colérique de Jacqueline connote la vengeance jusqu’à
prononcer le mot meurtre et elle
dit :
« […] J’ai du sang
chaud dans les veines. J’ai acheté cet
objet dès que j’ai compris ce qui se passait. Je voulais tuer l’un des deux,
mais je n’arrivais pas à décider lequel… »p 63
Trois phrases qui désignent un
but précis.
De plus ses propos et son insistance de vouloir se venger étaient
grandioses et cette fois si ce n’est pas les deux qu’elle veut tuer. Elle vise
Linnet Elle dit : « …Mais parfois j’ai peur, oui, j’ai peur … de
voir rouge tout d’un coup, d’avoir envie de lui faire du mal, …de poser
mon joli petit revolver sur sa tempe et puis de presser sur la détente. » p65 .
Phrase courte, appelant à une anticipation alors qu’en est dans le 5eme chapitre
dans un livre qui en comprend 31.
Une
médiatisation d’un titre : Mort sur le Nil
Le roman « Mort sur le Nil » est
publié par la collection le « Masque ». Fondé en 1927 par Pigiasse.
le Masque devient avec Agatha Christie l’archétype du roman d’énigme, le
symbole du genre.
Agatha Christie, Mort sur le Nil, 1999.
Depuis 1927, le Masque représente
cette célèbre couverture jaune griffée du logo noir du masque et de la plume.
« Mot sur le Nil » le
terme « Mort» désigne le mystère. Il informe le lecteur sur la nature du récit. Le choix de tel mot suppose une
réflexion bien particulière du titre : placé comme un label, il a un lien
secondaire avec le récit. Il assure une fonction de marquage générique. Le
titre est révélateur d’un drame en effet le titre constitue une forme
d’anticipation tragique.
Le roman Mort sur le Nil apparaît dans la collection « livre poche ». Le livre a repris la jaquette de la première adaptation du roman réalisée par Jean Guillemin en 1978. Le décor du Nil représente le fond de la jaquette. Ce détail sert à situer ou s’est déroulée l’histoire. Le climat brumeux connote une ambiance obscure qui suscite la curiosité. Peter Ustinove incarne le rôle d’Hercule Poirot mis en valeurs pensif
Andy
Wilson, Mort sur le Nil, 2004 (
série télévisée)
On a deux versions :
française et anglaise de la série télévisée Mort sur le Nil avec le réalisateur
Andy Wilson. Il y a une similitude entre les deux versions, la place que prend
Hercule Poirot prouve son héroïsme. La lumière qui se dégage derrière lui
connote sa perspicacité et son raisonnement. Sans oublier l’espace ou s’est
déroulée la série qui apparaît comme une
toile de fond et qui libère un climat limpide dans la première, assombri dans
la seconde.
II Mort sur le Nil entre dissimulation et révélation :
2.1
Le jeu d’une écriture :
Agatha Christie est un écrivain stratège car ces
récits obéissent à une combinaison de deux méthodes complètement opposées
: celle de dévoiler et d’occulter. Pour cela, la romancière crée des indices et
des leurres qui ont pour rôle d’équilibrer l'intrigue d’une part et qui d’autre
part influence le locuteur à produire différentes interprétations. Ce jeu d’écriture se révèle ambiguë dans la mesure
ou il crée une tension qui s’accentue au
fil du récit. Notre deuxième partie se concentre sur les outils nécessaires qui
provoquent une tension ? Et comment on peut repérer l’existence d’une tension
dans Mort sur le Nil ?*
Il s’avère que cette tension est centrée dans l’ordre,
la durée et la narration. En effet comme déjà mentionné Agatha Christie se sert
de la structure du récit pour accentuer le suspense. Elle procède à divers « manipulation ».
Mort sur le Nil est un roman ou la tension est à son comble. De part la structure, il y a
une histoire qui a des personnages dont le point de vue est déterminant pour
accentuer la tension et l’effet de suspense. Linnet Doyle sollicite Hercule Poirot
pour l’intolérable persécution de
Jacqueline. Ce moment est crucial et va
engendrer un autre point de vue qui est celui de Jaqueline de Bellefort qui montre son intention de se venger et de
vouloir supprimer Linnet Doyle. Entre menace et vengeance il y a une tension
qui se crée et qui va provoquer une anticipation. Hercule Poirot qui est
médiateur et assiste aux deux
conversations laisse présager une tragédie et dit au colonel Race :
« Il se passe
sur ce bateau des choses qui m’inquiète beaucoup, dit-il d’un air malheureux. Race
l’interrogea du regard. - Imaginez, continua
Poirot, une personne A qui a porté un préjudice grave à une personne B. B veut
se venger. B la menace […]. Mécontent, Poirot secoua la tête.- j’ai peur…
Aujourd’hui, j’ai conseillé à cette femme Mme Doyle, de ne pas monter à
bord de ce bateau et d’aller plutôt à Khartoum avec son mari. Je pris le ciel
que nous arrivions à Shellal sans catastrophe ! p177
Poirot anticipe un événement futur de nature
tragique. Ce qui va susciter notre curiosité à savoir Que va-t-il
arriver ?
Est-ce que Jacqueline va aller au bout
de sa pensée ? Une attente va s’installer.
2. 2 La place
du suspense et la curiosité dans l’énigme
La question qui mérite d’être abordée est le rapport
qu’entretient le suspense et la curiosité avec la tension narrative et la mise
en intrigue .Grivel insiste sur la cohésion que peut avoir une énigme. Pour
lui les deux aspects participent au même processus qui est de retenir
l’attention du destinataire : « le récit est énigme. Il se constitue comme dérangement de la
communication de l’information seconde : le démenti n’intéresse qu’énigmatisé.
Le lecteur assiste au brouillage du drame, il est placé devant un événement, un
comportement, etc., dont le sens lui échappe et dont les conséquences lui demeurent
cachées […] Autrement dit, la rupture de l’ordre archétypal n’est efficace qu’à
partir du moment ou elle ouvre obscurément sur cet ordre même » Grivel
1973 P 103
Le narrateur essaye de ralentir le rythme et d’autre part le
délai de la réponse par une insertion. Par exemple, des passages descriptifs
explicatifs que le narrateur énonce pour faire durer le suspense. Dans le chapitre 26 dans la séquence ou Mrs Oterbourne
témoin du meurtre de Luise Bourget dévoile celui qui a tué le la femme de
chambre et par ricochet Linnet Ridgeway.
L’effet de suspense s’accentue et un retard s’imbrique dans la réception de l’information : qui peut être
l’acteur des deux meurtres ?La curiosité de l’interprète s’accentue par
l’attente angoissante de la réponse. Avec les questions qui a commis le
meurtre ? Ce retard du dévoilement
est introduit dans le récit par des passages explicatifs ou descriptifs qui
n’ont aucun lien avec cette scène.
« -[…]. Mr
Doyle, dit- elle d’un ton mélodramatique. Je sais qui a tué votre femme !
« - Quoi ?
Ils la regardèrent tous les
trois, ébahis.
Mrs Oterbourne les toisa d’un air
de triomphe. Elle était ravie d’elle-même, bouffie de satisfaction…
….Je le connais, je l’ai vu de
mes propres yeux.
….. Je vais vous raconter exactement
ce qui s’est passé, dit Mrs Otterbourne. Pas de doute, elle délirait dure de joie. Son heure de gloire était
arrivée. Quel importance si ses
livres ne se vendaient plus, si son imbécile de public, qui les dévorait
naguère, s’était tourné vers d’autres ? Salomé Oterbourne serait célèbre à
nouveau. Son nom s’étalerait dans tous les journaux. Au procès, elle serait le
témoin principale de l’accusation . P 226 ;
On voit que le narrateur comme mentionné déjà énonce
quelques passages qui font que le lecteur s’impatiente.
Autre procédé que Barthe appelle «
la réticence textuelle » dans ce même passage introduite par trois points de suspension qui
font l’ajournement de la réponse toujours dans la même séquence :
« je … euh …( Mrs
Otterbourne s’arrêta de nouveau.le terrain devenait glissant.) Je…euh
j’avais conclut un arrangement avec un membre…il devait me procurer
quelque chose . […] Nous étions convenus, que je me rendrais à l’arrière
du bateau, sur le pont inférieur ou l’homme m’attendrait.Comme je longeais le pont,
la porte d’une cabine s’est ouverte et quelqu’un a regardé dehors. C’était
cette fille Luise Bourget, elle avait l’air d’attendre quelqu’un. Quand elle m’a
vu, elle a paru déçue et elle est rentrée brusquement.Sur le moment je
n’ai pensé à rien. J’ai continué mon chemin. L’homme m’a remis… ce qu’il
devait, je l’ai payé et nous…euh nous avons échangé quelques mots puis je me
suis retournée sur mes pas. Juste au moment ou je tournais le coin, j’ai vu
quelqu’un frapper à la porte de la domestique et enterrer dans sa cabine.
Et ce
quelqu’un, c’était ? demanda Race.
Bing !
D’abord on constate que le narrateur est qu’un observateur,
il est extérieur à l’histoire. Le roman
est raconté à la 3eme personne
du singulier. C’est par le point de vue de Mrs Oterbourne qu’on va apprendre l’identité du criminel.Le
protagoniste nous a parlé de tout sauf du coupable. Le rythme du récit subit en effet un très net ralentissement qui crée le suspense : qui a tué Luise
Bourget ? Le point de vue de Otterbourne est crucial dans la mesure ou il
constitue une réponse qui mettra fin à cette intrigue. Cependant son élimination
constitue un retard dans la résolution
du récit et une attente angoissante. Le narrateur évoque dans cette scène avant que Oterbourne
fut assassinée le climat de la chambre.Elle dit : « le rideau
bougea de nouveau, entre le mur et lui apparut un reflet bleu acier » C ’est
une phrase qui anticipe la mort.
III La transcription du tragique dans la série télévisée :
3.1 L’anticipation d’une
tragédie :
Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 00m00/00mn50.
Le film
s’ouvre sur un générique associé à une musique qui révèle le rythme du film. Le premier plan projette un
climat obscur: les nuages pris en gros plan, le bruit de pluie et le coup de tonnerre
constitue une tension. Ces éléments que le cinéaste a mis en valeur servent de
marqueurs génériques puissants. Bref, l’incipit a une visée tragique qui connote
un sentiment de mélancolie. Vient s’ajouter un titre qui affirme l’ambiance
globale du climat.
La vue d’ensemble
sur la ville est filmée en plongée avec
un léger zoom sur des bâtiments typiquement londoniens.
Le brouillard
qui figure parmi les caractéristiques du paysage londonien n’est pas mis de
façon aléatoire il est lié à la romancière anglaise Agatha Christie.
3.2
L’importance du point
de vue dans la scène
3.2.1 A Londres
Ce qu’on peut retenir dans cet extrait est que
la présence de Linnet est très importante.
Le cinéaste met en valeur la maison et les objets qui marquent sa personne : le décor luxueux
de la chambre ainsi que le collier de perles.La musique « Jazz » qui accompagne cette scène illustre le niveau
de vie aisé de Linnet. La lumière vive de la propriété où elle vit traduit son
épanouissement.
La lumière
joue un rôle très important quant à l’identification d’un autre plan. Dans
cette séquence, le passage du jour à la nuit informe un autre événement. Jacqueline est montrée en grand plan lors de
sa rencontre avec Linnet.
C’est
une femme modeste mais très heureuse est très expressive elle annonce ses fiançailles à Linnet. La
raison pour laquelle elle est venue était
par pur intérêt : évidemment afin de solliciter Linnet pour
embaucher Simon.Jacqueline présente Simon à Linnet, ce qui est troublant dans
cette scène c’est le regard partagé entre les deux protagonistes. On perçoit
un échange mutuel qui insinue l’admiration.
Si on
veut situer le film par rapport au roman, le film a anticipé sur la rencontre de Linnet et Simon. Dans le film cette
anticipation est traduite par le rythme (augmentation de la musique).
3.2.2 Au Nil
Le
moment de cette scène est très intense Jacqueline parait malheureuse lors de sa
rencontre avec Poirot. Entre cette scène et la scène qui précède, des événements
se sont produits. Jacqueline a été trahie par sa meilleure amie Linnet et son
fiancé Simon. En effet on apprend leur mariage. Hercule Poirot, comme d’autres
personnages se retrouvent au milieu des superbes décors naturels de l’Égypte. Mais
ce qui est énigmatique est qu’on en apprend la lune de miel du couple sur le
Nil dans un hôtel Old Catarcat d’Assouan
ou ils se trouvent Poirot, Jacqueline et tous les personnages ont participé à ce film.
On peut
noter la « Mélancolie »
de Jacqueline suite à cette rencontre.
D’abord
si on doit analyser l’ambiance de cette scène, on la qualifie d’obscure :
ce qui connote une certaine angoisse. L’attitude de Jacqueline s’avère inquiétante cela est visible à travers sa vue.
La découverte du revolver et sa
façon d’en vouloir à Linnet jusqu’à annoncer à Poirot l’intention de la tuer
évoque le suspense dans cette scène qui est renforcé dans l’intensité du son, le
jeux d’éclairage instable. Enfin, le fait que Jacqueline change son point de vue à la fin de la scène. Par ailleurs, en opposition à
cette angoisse le climat est paisible : les palmiers l’eau sont des
sources de paix. la fidélité est présente dans le film par la phrase qu'elle prononce : "
Dans
cette scène, le regard est crucial dans la création du suspense. En effet à
travers le regard, ressort toute la violence et la haine que prouve Jacqueline
envers Simon. Le regard est provocateur
d’un mystère. A qui s’ajoute la voix de Jacqueline sur Cornelia. En effet le
ton est violent. La tension augmente.
La
musique hors champs annonce la puissance du suspense. Ce qui va pousser le spectateur à
anticiper un drame. Le drame est crée Jacqueline De Bellefort.
La scène
commence par un plan subjectif sur
Poirot dans sa chambre, prenant soin de sa personne. Ce point de vu e est
accompagné de la voix off. Le colonel pénètre
et lui annonce le meurtre de Linnet.Le suspens augmente avec
l’accélération de l’alternance des plans, l’intensité
du son. Une fois dans la chambre, Poirot découvre la victime. Pensif il trouve
un indice : « J » filmée en gros plan. Il se souvient des propos de Jacqueline. Mais il
apprend que Jacqueline à un alibi. Le
plan suivant nous plonge dans l’ambiance du Nil et monopolise le fond du cadre.
La phase la plus longue est la phase interrogatoire va ralentir la résolution.
3.3 Hercule Poirot plus qu’un enquêteur
Cette scène
consiste à l’enquête gérée par Hercule
Poirot et son associé le colonel Race. Poirot est filmé en gros plan accompagné
d’une voix off afin qu’on puisse suivre son raisonnement. Il parvient à trouver
le mobile du meurtre de Luise Bourget (la
femme de chambre de Linnet Doyle ) morte dans sa chambre . Sa méthode est psychologique.
La petite loupe et le petit carnet constituent des outils important dans son enquête
dite traditionnelle. Le surgissement de
Mrs Otterbourne bouleverse la scène. Témoin du meurtre de Luise Bourget, ayant
assisté indirectement à la scène fait accroître
le suspense déjà par sa voix : son ton élevé nous capte. Voix off de Oterbourne sert à
expliquer les faits. Un plan large sur
Otterbourne montre l’intériorité du personnage. Le rythme
accélère par l’alternance des plans accompagnés de la puissance du son qui sert
à argumenter le niveau de suspense. La curiosité du téléspectateur dégage un
sentiment angoissant. A peine Oterbourne
dévoile le coupable on lui tire dessus.
Cette scène
nous montre la révélation finale tant attendue par les protagonistes et le téléspectateur.
Elle crée un effet de surprise car le coupable a été bien dissimulé.
On a
une vue d’ensemble sur les protagonistes présent dans la cabine. Une vision
objective sur Poirot montre sa supériorité et son savoir. Selon Poirot ce crime était calculé soigneusement.
Le cinéaste nous montre les détails dits « invisibles » par des flash
back pour expliquer L’histoire du crime.
L’auteur des crime est bel et bien Simon Doyle avec sa complice Jacqueline de
Bellefort . ils ont dissimulé leurs complicité afin d’éliminer Linnet
Ridgeway.
La fin tragique de
Simon Doyle et Linnet Ridgeway, clôture la scène du film.
Conclusion
En guise de conclusion, Chaque
support médiatique apporte une démonstration
qui suscite le suspense. Le livre comme
le film, mettent en œuvre une tension narratif ou dramatique basé sur une incertitude et une inquiétude qui
crée une attente angoissante.
Pour ce qui est de l'adaptation elle est plus ou moins fidèle au roman, le film a brouiller quelques pistes.
Enfin la présentation de l'espace a été fidèlement respecté. Le cinéaste introduit l'espace clos du récit dans le film.
Bibliographie :
Corpus :
Agatha Christie, Mort sur le Nil. Librairie Des Champs-
Elysées : 1992, 287p.
Mort sur le Nil,
Andy Wilson, Mort sur le Nil, Kevin Elyot :
2004, 1h 37 mn.
Bibliographie
secondaire
Raphaël Baroni, La tension narrative, Paris : Editions
Du Seuil, 2007,413.
Jean-Marie Graiston, Agatha Christie et le roman policier d’énigme,
Edition du Céfal, 1991.
Annie combes, Agatha Christie : L’écriture du crime,
Paris, Les impressions nouvelles, 1989, 300 p.




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