dimanche 29 avril 2012

L' effet du suspense et de la curiosité dans "Mort sur le Nil

         «  Le fin mot de l’énigme doit être apparent tout au long du roman, à condition, bien      entendu, que le lecteur soit assez perspicace pour le saisir. Je veux dire par là que si le lecteur relisait le livre, une fois le mystère dévoilé, il verra que,dans un sens, la solution sautait aux yeux depuis le début, que tous les indices permettaient de conclure à l’identité du coupable…. »                                                    .


 Cette règle figure parmi les vingt règles de Van Dine, Agatha Christie adopte cette règle. Qui fait l’originalité de son écriture.  Agatha Christie est née le 15 septembre 1890 sous le nom  Mary Clarissa Miller. Agatha Christie, est  une femme de lettres britannique, auteur de nombreux romans policiers. En effet les romans d’Agatha Christie figure parmi les best seller ; 300 millions livres vendus en 103 langues. Elle  est connue sous le nom de  «  la reine du crime », c’est une femme qui aime le risque. Et cela est très apparent dans ses romans. la plus part de ses romans se déroule à huis clos ce qui permet au lecteur de deviner le criminel . Parmi ces romans on trouve : Le Meurtre de Roger Ackroyd (1926), La Mystérieuse Affaire de Styles (1921), Drame en trois actes (1935), ….etc.
Mort sur le Nil figure parmi les romans qui ont connu une adaptation cinématographique. Il  met en scène le charme d’un décor exotique du Nil. Le choix du titre se révèle une pure  inspiration. L’étude consiste à montrer en première partie le mystère que dégage le récit. quels sont les éléments qui indique le mot policier et par ricochet énigme. Ensuite analyser le sentiment que prouve le lecteur d’un récit d’énigme notamment l’interprétation que doit le lecteur adopter dans Mort sur le Nil les questions qui suscitent sa curiosité.
Ensuite la seconde partie qui est centré sur le roman et les procédés que utilise Agatha Christie pour la mise en intrigue, on connaît que le roman policier transgresse les règles d’écriture.  Cette transgression que le romancier utilise,  provoque   la curiosité du lecteur.      
 Parler notamment le rôle du point de vue, des anticipations enfin le ralentissement du récit à produire le suspense et la curiosité. Enfin le dernier parti se base sur l’analyse de quelques extraits tirés de l’adaptation d’une série télévisée réalisée par Andy Wilson en 2004. La question est de savoir comment  transcrire ces procédés purement littéraires dans une scène filmée.




I Mort sur le Nil en quoi est-il énigme ?

Le récit d’énigme est un récit fictif ou réel. Selon Todorov, le roman à énigme est constitué de deux histoires: la première est celle du crime, la seconde qui survient ensuite, celle de l'enquête. Le détective (et le lecteur avec lui) tente de comprendre ce qui s'est passé. C'est une activité purement intellectuelle, le détective est invulnérable, à aucun moment sa vie n'est menacée.Agatha Christie obéit à cette structure du récit.                                                                                                                    Elle est connue sous le nom « la reine du crime ». Née en 1890,  c’est une femme qui aime le risque et cela est très apparent dans ses intrigues criminelles. Dans ses romans, il est question le  plus souvent d’un espace isolé, un espace quasiment fermé, coupé du monde extérieur : dans un avion « La mort dans les nuages 1935 »  sur une île « Dix petits nègres 1939 ».Ce choix de décor est très significatif car selon Combes il verrouille l’espace, ce qui permet au lecteur d’essayer d’identifier le coupable avant la fin du récit.

1.1 la structure de Mort sur le Nil :

« Mort sur le Nil » est la version traduite de « Death on the Nil » qui  paru en 1937. Cependant la version traduite est parue  en 1999. Toutefois ce roman a connu aussi des adaptations cinématographiques et des jeux vidéo. Je me contenterai d’abord de l’analyser en tant que récit.
Quels sont les éléments qui le définissent comme énigme ? Telle est la question que je vais traiter :
D’abord dans tous les romans d’Agatha Christie on trouve : une énigme, des indices, une enquête, un détective.
L’énigme : une étape importante qui est la source du récit. Etant donné qu’elle évoque une question posée des les premiers chapitres suivie d’une réponse qui se complète au fil de l’intrigue. Telle est la structure syntagmatique de Mort sur le Nil. Le surgissement d’un problème principal va tisser d’autres problèmes qui lui sont secondaires. La totalité de ces problèmes vont trouver leur réponse principale à la résolution.
Du chapitre 1 à 3 : la présentation des personnages, des comportements,  du cadre exotique du Nil.
De 6 à 12 : Linnet Ridgway : menace plus meurtre. Qui a tué Linnet Ridgway ?
De 12 à 31 : l’enquête menée par Hercule Poirot dans le but d’éclairer ce meurtre d’une part  et de retrouver l’identité du meurtrier. Bref l’intrigue est centrée sur la ou les victimes.
(Dans cet même enquête le détective se trouve confronté à d’autres énigmes secondaires  qui ont un lien avec celle qui se trouve au centre : le meutrte de Luise Bourget et Outerbourne ces deux meurtres sont en lien avec la première.
 L’indice : Dans Typologie des « morphèmes herméneutiques » , Barthe classe l’indice comme la réponse suspendue, la réponse partielle, la promesse de réponse. En effet l’indice constitue un élément essentiel pour l’énigme policière. L’indice est considéré comme un élément primordial dans le récit. C’est lui qui permet à l’enquête d’avancer dans Mort sur le Nil . On découvre différents indices.
D’abord, comme le revolver avec  lequel on  a tué Linnet, un petit  morceau d’un billet retrouvé entre les doigt de Louise Bourget… par exemple constitue un indice pour Hercule Poirot car son meurtre a une liaison avec le meurtre de Linnet Doyle (elle a vu Simon Doyle pénétrer dans la chambre de Linnet). Cela va permettre à Hercule Poirot de faire un rapprochement avec le jour ou elle fut interrogée et par ricochet  va éclairer l’affaire.
Par ailleurs, avant cet indice, le lecteur comme le détective se trouvent confrontés à un autre détail bizarre. On ne comprend pas qui a tué Linnet  et le seul indice qui existait dans la chambre était la lettre  «  J » Jaqueline de Bellefort mise en évidence dans le mur, mettant en cause la culpabilité de Jacqueline. Mais on apprend que Jacqueline ne peut pas être la responsable car elle a un alibi : la nuit du meurtre Jacqueline se trouve avec l’infirmière après avoir tiré sur Simon ». Ce détail va bouleverser l’enchaînement des faits car Jaqueline comme Simon ont un alibi qui fait qu’ils sont épargnés de l’affaire du meurtre. Cela va provoquer d’autres interrogatoires du genre : qui peut être l’assassin ? Mais à la fin du roman on découvre que c’étaient bel et bien les responsables du meurtre et qu’ils ont bien dissimulé leur complicité pour mener à bien ce crime.

Le leurre :

Le leurre constitue une information fausse que la romancière prend le soin de mettre pour  égarer le lecteur ou l’interprète. Par exemple, comme déjà cité avant le « J » qui figure dans la cabine de la victime  constitue une « détectande matérielle ».
Le collier de perles perdu constitue est lié au meurtre de Linnet Ridgeway est considéré  comme leurre car le bijou a été volé bien avant le meurtre, plus encore les soupçons portés sur Tim se révèlent faux à la fin du récit.

Bref, Mort sur le Nil obéit à la structure du récit d’énigme. On y retrouve deux histoires. La première est celle du crime. Dans l’incipit du roman, on assiste à une présentation des personnages et du cadre. Un bouleversement va se produire. Le conflit prend de l’ampleur entre Jaqueline et Linnet. Le récit de l’enquête occupe la majeure partie du roman d’énigme. Une enquête menée par Hercule Poirot qui grâce à sa méthode psychologique caractérisée par le raisonnement et l’observation, parviendra à trouver l’auteur des crimes successifs. Plusieurs car le meurtre  principal va engendrer d’autres victimes chambre et Mrs Outerbourne.
En conclusion Mort sur le Nil obéit d’abord à la structure policière : un coupable, un détective, une enquête, une victime, un  mobile, un indice. De plus, il dégage un mystère qui va entraîner une curiosité et un suspens qui vont être développés dans la sous- partie suivante.


1.2 Le lecteur en tant qu’acteur implicite :

 Le lecteur christien participe à sa manière  dans le récit d’énigme. Son rôle est de chercher le coupable. Bref enquêteur comme lecteur participent à la même recherche. Par ailleurs souvent l’interprète se trompe dans sa démarche de recherche.Il a moins de chance par rapport à l’enquêteur d’éclairer une situation obscure. Face à un bon nombre « de détectandes » fournies par Agatha Christie, sa tactique est considérée comme imminente : ne rien faire transparaître avant la résolution. La romancière crée des indices et des leurres qui ont pour rôle d’équilibrer l'intrigue. Cependant le lecteur face à ces indices et leurres essaye de créer différentes interprétations, de ne plus tenter de classer ce qui peut être des indices d'un coté et des leurres de l’ autre, mais plus vite s'écarte et  n'ayant pas à la fin la même déduction que l'enquêteur
Dans Mort sur le Nil on est devant un chalenge. On est même à l’intérieur du roman. L’effet est très intense ce qui nous permet de se poser des questions sur les circonstances de la mort de Linnet. Qui a pu tuer Linnet ? Le surgissement brutal de cette scène dans le roman suscite en nous beaucoup de curiosité car on ignore les causes de ce meurtre.  En effet l’enquête provoque la construction du crime c'est-à-dire qu’elle lui attribue ses caractéristiques. Le crime prendra forme que par l'enquête qui va décrire ou dévoiler l'intention de  l'assassin, à savoir : comment et avec quels méthodes on a commis ce  crime ? C'est-à-dire que le récit n’est pas chronologiquement linéaire. C’est un récit dont les évènements sont manipulés c'est-à-dire bouleversés. Je le montre dans cet exemple lors de la découverte du cadavre (Linnet Ridgeway) qui était  « tuée  d’une balle à la tête » Hercule Poirot retourne en arrière pour évoquer l’intention de Jacqueline à vouloir tuer Linné et de cette manière là :
                   Hercule Poirot venait de se raser et s’essayait le visage quand un coup rapide fut frappé à sa porte sur quoi le colonel Race entra sans plus de cérémonie et referma derrière lui.Votre instinct ne vous avait pas trompé, dit il. C’est arrivé. Poirot se redressa.qu’est ce qui est arrivé ? demanda t il vivement. Linnet Doyle est morte ….tuée d’une balle dans la tête pendant la nuit. Poirot resta silencieux un moment, deux souvenirs lui remontaient à la mémoire, partiellement vivaces : une fille dans un jardin à Assouan qui lui disait d’une voix rauque et un peu haletante : j’aimerais poser mon joli petit revolver sur sa tempe et puis presser sur la détente … »et, encore plus précisément cette voix  lui disait : « C’est par des journées comme ça que tout d’un coup…bing !


L’écrivain d'une énigme est face à une contrainte. Celle de la réflexion sur la narration. En effet la narration est une organisation d'événements, les uns en fonction des autres. 
Eri eisenzeweig  reprend la même idée: 
             Le modèle narratif policier se définit ainsi comme un récit qui en cherche un autre, le premier découlant de la découverte (ou de l'anticipation) d'un crime, le second fournissant l'identité du criminel, ses motivations et les modalités de son acte. ( le récit p 266

Si l'on suit la citation qu'en donne Todorov sur le récit d'énigme:
Ce roman ne contient pas une mais deux histoires: l'histoire du crime et l'histoire de l'enquête. Dans leur forme la plus pure, ces deux histoires n'ont aucun points en commun.[...] La première histoire, celle du crime, est terminée avant que ne commence la seconde. Mais que se passe t-il dans la seconde? Peu de choses. Les personnages de cette seconde histoire, l'histoire de l’enquête, n'agissent pas,  ils apprennent.2 P265.

L’écrivain d'une énigme est face à une contrainte. Celle de la réflexion sur la narration. En effet la narration est une organisation d'événement les uns en fonction des autres. 
Eri eisenzeweig  reprend la même idée: 
             Le modèle narratif policier se définit ainsi comme un récit qui en cherche un autre, le premier découlant de la découverte (ou de l'anticipation) d'un crime, le second fournissant l'identité du criminel, ses motivations et les modalités de son acte »


La curiosité, le suspense dans la réception d’une œuvre ?

Nombreux sont les critiques qui ont travaillé sur la tension textuelle autrement dite narrative.
Iser comme Eco ont travaillé sur l’activité interprétative dans le cas du suspense et la curiosité.
En effet la présence du suspense se révèle présente quand l’interprète (le lecteur) souhaite impatiemment connaître une résolution, surgit un retardement de la réponse présentée sous forme de dissimulation textuelle (fin de ralentissement de l’action, fin de chapitre, péripétie,etc….).La question qui caractérise le suspense est :que va-t-il arriver ?
Comme le détective le lecteur participe avec l’enquêteur pour dévoiler l’identité du meurtrier La seule différence est que Hercule Poirot est à l’intérieur et va  chercher méticuleusement les indices et les détails qui semblent pertinents pour sa recherche. Le lecteur est à l’extérieur du récit et analyse les mots.
Mort sur le Nil affirme ces deux sentiments que je viens de mentionner. J’ai choisi deux moments importants qu’on peut appeler l’anticipation d’un crime. La scène de rencontre entre Linnet Doyle et Hercule Poirot : Linnet sollicite Poirot pour la tentative de persécution qui découle de Jacqueline De Belfort. Par ailleurs la persécution est justifiable car Jacqueline est triste d’être trahie  par son fiancé Simon  et sa meilleure amie. Ce qui est étrange dans cette scène est la fusion qui unissait Jacqueline de Bellefort et Simon Doyle. Quelques mois plus tard on apprend leur séparation. Agatha Christie ne nous montre pas les causes, il y a rupture dans le temps.
Second moment : la rencontre entre Jacqueline de Bellefort et Hercule Poirot s’avère importante car c’est là ou va se nouer l’intrigue. On apprend son intention de vouloir se venger. En effet la conduite colérique de Jacqueline connote la vengeance jusqu’à prononcer le mot  meurtre et elle dit :
« […] J’ai du sang chaud  dans les veines. J’ai acheté cet objet dès que j’ai compris ce qui se passait. Je voulais tuer l’un des deux, mais je n’arrivais pas à décider lequel… »p 63
Trois phrases qui désignent un but précis.
De plus ses propos  et son insistance de vouloir se venger étaient grandioses et cette fois si ce n’est pas les deux qu’elle veut tuer. Elle vise Linnet Elle dit : « …Mais parfois j’ai peur, oui, j’ai peur … de voir rouge tout d’un coup, d’avoir envie de lui faire du mal, …de poser mon joli petit revolver sur sa tempe et puis de presser sur la détente. » p65 . Phrase courte, appelant à une anticipation alors qu’en est dans le 5eme chapitre dans un livre qui en comprend 31.





Une médiatisation d’un titre : Mort sur le Nil

                                            
 Le roman « Mort sur le Nil » est publié par la collection le « Masque ». Fondé en 1927 par Pigiasse. le Masque devient avec Agatha Christie l’archétype du roman d’énigme, le symbole du genre.     





 Agatha Christie, Mort sur le Nil, 1999.



Depuis 1927, le Masque représente cette célèbre couverture jaune griffée du logo noir du masque et de la plume.
« Mot sur le Nil » le terme « Mort»  désigne le mystère.  Il informe le lecteur sur la nature du  récit. Le choix de tel mot suppose une réflexion bien particulière du titre : placé comme un label, il a un lien secondaire avec le récit. Il assure une fonction de marquage générique. Le titre est révélateur d’un drame en effet le titre constitue une forme d’anticipation tragique. 







   




















Le roman Mort sur le Nil apparaît  dans la collection « livre poche ». Le livre a repris la jaquette de la  première adaptation du roman réalisée par Jean Guillemin en 1978. Le décor du Nil représente le  fond de la jaquette. Ce détail sert  à situer ou s’est déroulée  l’histoire. Le climat brumeux connote une ambiance obscure  qui suscite la curiosité. Peter Ustinove incarne le rôle d’Hercule Poirot mis en valeurs pensif






Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004   ( série télévisée)       
                                      
On a deux versions : française et anglaise de la série télévisée Mort sur le Nil avec le réalisateur Andy Wilson. Il y a une similitude entre les deux versions, la place que prend Hercule Poirot prouve son héroïsme. La lumière qui se dégage derrière lui connote sa perspicacité et son raisonnement. Sans oublier l’espace ou s’est déroulée  la série qui apparaît comme une toile de fond et qui libère un climat limpide dans la première, assombri dans la seconde.






II Mort sur le Nil entre dissimulation et révélation :


2.1  Le jeu d’une écriture :
Agatha Christie est un écrivain stratège car ces récits obéissent à une combinaison de deux  méthodes complètement opposées : celle de dévoiler et d’occulter. Pour cela, la romancière crée des indices et des leurres qui ont pour rôle d’équilibrer l'intrigue d’une part et qui d’autre part influence le locuteur à produire différentes interprétations.  Ce jeu d’écriture se révèle ambiguë dans la mesure ou il crée une tension  qui s’accentue au fil du récit. Notre deuxième partie se concentre sur les outils nécessaires qui provoquent une  tension ? Et  comment on peut repérer l’existence d’une tension   dans Mort sur le Nil ?*
Il s’avère que cette tension est centrée dans l’ordre, la durée et la narration. En effet comme déjà mentionné Agatha Christie se sert de la structure du récit pour accentuer le suspense. Elle procède à divers « manipulation ».
Mort sur le Nil est un roman ou la tension  est à son comble. De part la structure, il y a une histoire qui a des personnages dont le point de vue est déterminant pour accentuer la tension et l’effet de suspense. Linnet Doyle sollicite Hercule Poirot  pour l’intolérable persécution de Jacqueline.  Ce moment est crucial et va engendrer un autre point de vue qui est celui de Jaqueline de Bellefort qui  montre son intention de se venger et de vouloir supprimer Linnet Doyle. Entre menace et vengeance il y a une tension qui se crée et qui va provoquer une anticipation. Hercule Poirot qui est médiateur et  assiste aux deux conversations laisse présager une tragédie et  dit au colonel Race :
                            « Il se passe sur ce bateau des choses qui m’inquiète beaucoup, dit-il d’un air malheureux. Race l’interrogea du regard. -  Imaginez, continua Poirot, une personne A qui a porté un préjudice grave à une personne B. B veut se venger. B la menace […]. Mécontent, Poirot secoua la tête.- j’ai peur… Aujourd’hui, j’ai conseillé à cette femme  Mme Doyle, de ne pas monter à bord de ce bateau et d’aller plutôt à Khartoum avec son mari. Je pris le ciel que nous arrivions à Shellal sans catastrophe ! p177
Poirot anticipe un événement futur de nature tragique. Ce qui va susciter notre curiosité à savoir Que va-t-il 
 arriver ?  Est-ce que Jacqueline va aller au bout de sa pensée ? Une attente va s’installer.

2. 2  La place du suspense et la curiosité dans l’énigme

La question qui mérite d’être abordée est le rapport qu’entretient le suspense et la curiosité avec la tension narrative et la mise en intrigue .Grivel insiste sur la cohésion que peut avoir une énigme. Pour lui les deux aspects participent au même processus qui est de retenir l’attention du destinataire : «  le récit est énigme. Il se  constitue comme dérangement de la communication de l’information seconde : le démenti n’intéresse qu’énigmatisé. Le lecteur assiste au brouillage du drame, il est placé devant un événement, un comportement, etc., dont le sens lui échappe et dont les conséquences lui demeurent cachées […] Autrement dit, la rupture de l’ordre archétypal n’est efficace qu’à partir du moment ou elle ouvre obscurément sur cet ordre même » Grivel 1973 P 103

Le narrateur essaye de ralentir le rythme et d’autre part le délai de la réponse par une insertion. Par exemple, des passages descriptifs explicatifs que le narrateur énonce pour faire durer le suspense.  Dans le chapitre 26 dans la séquence ou Mrs Oterbourne témoin du meurtre de Luise Bourget dévoile celui qui a tué le la femme de chambre et par ricochet Linnet  Ridgeway. L’effet de suspense s’accentue et un retard s’imbrique dans la  réception de l’information : qui peut être l’acteur des deux meurtres ?La curiosité de l’interprète s’accentue par l’attente angoissante de la réponse. Avec les questions qui a commis le meurtre ?   Ce retard du dévoilement est introduit dans le récit par des passages explicatifs ou descriptifs qui n’ont aucun lien avec cette scène.


            « -[…]. Mr Doyle, dit- elle d’un ton mélodramatique. Je sais qui a tué votre femme !
                «  - Quoi ?
                Ils la regardèrent tous les trois, ébahis.
              Mrs Oterbourne les toisa d’un air de triomphe. Elle était ravie d’elle-même, bouffie de satisfaction…
              ….Je le connais, je l’ai vu de mes propres yeux.
           ….. Je vais vous raconter exactement ce qui s’est passé, dit Mrs Otterbourne. Pas de doute, elle délirait dure de joie. Son heure de gloire  était  arrivée. Quel importance  si ses livres ne se vendaient plus, si son imbécile de public, qui les dévorait naguère, s’était tourné vers d’autres ? Salomé Oterbourne serait célèbre à nouveau. Son nom s’étalerait dans tous les journaux. Au procès, elle serait le témoin principale de l’accusation . P 226 ;


On voit que le narrateur comme mentionné déjà énonce quelques passages qui font que le lecteur s’impatiente. Autre procédé  que Barthe appelle «  la réticence textuelle » dans ce même passage  introduite par trois points de suspension qui font l’ajournement de la réponse toujours dans la même séquence :


                   « je … euh …( Mrs Otterbourne s’arrêta de nouveau.le terrain devenait glissant.)      Je…euh j’avais conclut un arrangement avec un membre…il devait me procurer quelque chose . […] Nous étions convenus, que je me rendrais à l’arrière du bateau, sur le pont inférieur ou l’homme m’attendrait.Comme je longeais le pont, la porte d’une cabine s’est ouverte et quelqu’un a regardé dehors. C’était cette fille Luise Bourget, elle avait l’air d’attendre quelqu’un. Quand elle m’a vu, elle a paru déçue et elle est rentrée brusquement.Sur le moment je n’ai pensé à rien. J’ai continué mon chemin. L’homme m’a remis… ce qu’il devait, je l’ai payé et nous…euh nous avons échangé quelques mots puis je me suis retournée sur mes pas. Juste au moment ou je tournais le coin, j’ai vu quelqu’un frapper à la porte de la domestique et enterrer dans sa cabine.
Et ce quelqu’un, c’était ? demanda Race.
Bing !

D’abord on constate que le narrateur est qu’un observateur, il est extérieur à l’histoire.  Le roman est raconté  à la 3eme personne du singulier. C’est par le point de vue de Mrs Oterbourne  qu’on va   apprendre l’identité du criminel.Le protagoniste nous a parlé de tout sauf du coupable. Le rythme du récit subit  en effet un très net  ralentissement qui  crée le suspense : qui a tué Luise Bourget ? Le point de vue de Otterbourne est crucial dans la mesure ou il constitue une réponse qui mettra fin à cette intrigue. Cependant son élimination constitue un retard  dans la résolution du   récit et une attente angoissante.  Le narrateur  évoque dans cette scène avant que Oterbourne fut assassinée le climat de la chambre.Elle dit : « le rideau bougea de nouveau, entre le mur et lui apparut un reflet bleu acier » C ’est une phrase qui anticipe la  mort.






III La transcription  du tragique dans la série télévisée :
 

3.1  L’anticipation d’une tragédie :


                                               Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 00m00/00mn50.

Le film s’ouvre sur un générique associé à une  musique qui révèle  le rythme du film. Le premier plan projette un climat obscur: les nuages pris en gros plan,  le bruit de pluie et le coup de tonnerre constitue une tension. Ces éléments que le cinéaste a mis en valeur servent de marqueurs génériques puissants. Bref, l’incipit a une visée tragique qui connote un sentiment de mélancolie. Vient s’ajouter un titre qui affirme l’ambiance globale du climat.
La vue d’ensemble sur la ville est  filmée en plongée avec un léger zoom sur des bâtiments typiquement londoniens.
Le brouillard qui figure parmi les caractéristiques du paysage londonien n’est pas mis de façon aléatoire il est lié à la romancière anglaise Agatha Christie.  







3.2    L’importance du point de vue dans la scène
                 
3.2.1  A  Londres



             Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 02m24/05mn18.
                                             
                                           

 Ce qu’on peut retenir dans cet extrait est que la présence  de Linnet est très importante. Le cinéaste met en valeur la maison et les objets qui  marquent sa personne : le décor luxueux de la chambre ainsi que le collier de perles.La  musique  « Jazz »  qui accompagne cette scène illustre le niveau de vie aisé de Linnet. La lumière vive de la propriété où elle vit traduit son épanouissement.



La lumière joue un rôle très important quant à l’identification d’un autre plan. Dans cette séquence, le passage du jour à la nuit informe un autre événement.  Jacqueline est montrée en grand plan lors de sa rencontre avec Linnet.
C’est une femme modeste mais très heureuse est très expressive  elle annonce ses fiançailles à Linnet. La raison pour laquelle elle est venue  était  par pur intérêt : évidemment afin de solliciter Linnet pour embaucher Simon.Jacqueline présente Simon à Linnet, ce qui est troublant dans cette scène c’est  le regard  partagé entre les deux protagonistes. On perçoit  un échange mutuel qui insinue l’admiration.
Si on veut situer le film par rapport au roman,  le film a anticipé sur la rencontre  de Linnet et Simon. Dans le film cette anticipation est traduite par le rythme (augmentation de la musique).




3.2.2  Au  Nil 


                                                       
           Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 13mn 41/ 15mn22





Le moment de cette scène est très intense Jacqueline parait malheureuse lors de sa rencontre avec Poirot. Entre cette scène et la scène qui précède, des événements se sont produits. Jacqueline a été trahie par sa meilleure amie Linnet et son fiancé Simon. En effet on apprend leur mariage. Hercule Poirot, comme d’autres personnages se retrouvent au milieu des superbes décors naturels de l’Égypte. Mais ce qui est énigmatique est qu’on en apprend la lune de miel du couple sur le Nil  dans un hôtel Old Catarcat d’Assouan ou ils se trouvent Poirot, Jacqueline et tous les personnages  ont participé à ce film.
On peut noter la «  Mélancolie »  de   Jacqueline suite à cette rencontre.
D’abord si on doit analyser l’ambiance de cette scène, on la qualifie d’obscure : ce qui connote une certaine angoisse. L’attitude de Jacqueline s’avère inquiétante  cela est visible à travers sa vue.  La découverte du revolver  et  sa façon d’en vouloir à Linnet jusqu’à annoncer à Poirot l’intention de la tuer évoque le suspense dans cette scène qui est renforcé dans l’intensité du son, le jeux d’éclairage instable. Enfin, le fait  que Jacqueline change son point de vue  à la fin  de la scène. Par ailleurs, en opposition à cette angoisse le climat est paisible : les palmiers l’eau sont des sources de paix. la fidélité est présente dans le film par la phrase qu'elle prononce : " 









            Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 35mn38 /39 mn58


Dans cette scène, le  regard est crucial  dans la création du suspense. En effet à travers le regard, ressort toute la violence et la haine que prouve Jacqueline envers  Simon. Le regard est provocateur d’un mystère. A qui s’ajoute la voix de Jacqueline sur Cornelia. En effet le ton est violent. La tension augmente.
La musique hors champs annonce la puissance  du suspense. Ce qui va pousser le spectateur à anticiper un drame. Le drame est crée Jacqueline De Bellefort.









         Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 35mn38 /39 mn58


La scène commence par un plan  subjectif sur Poirot dans sa chambre, prenant soin de sa personne. Ce point de vu e est accompagné de la voix off.  Le colonel pénètre et lui annonce le meurtre de Linnet.Le suspens augmente avec l’accélération de l’alternance des plans, l’intensité du son. Une fois dans la chambre, Poirot découvre la victime. Pensif il trouve un indice : «  J »  filmée en gros plan. Il  se souvient des propos de Jacqueline. Mais il apprend que Jacqueline à un alibi.  Le plan suivant nous plonge dans l’ambiance du Nil et monopolise le fond du cadre. La phase la plus longue est la phase interrogatoire va ralentir la résolution.




3.3 Hercule Poirot plus qu’un enquêteur  




             Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 42mn 46/ 45mn19.


Cette scène  consiste à l’enquête gérée par Hercule Poirot et son associé le colonel Race. Poirot est filmé en gros plan accompagné d’une voix off afin qu’on puisse suivre son raisonnement. Il parvient à trouver le mobile du meurtre de  Luise Bourget (la femme de chambre de Linnet Doyle ) morte dans sa chambre . Sa méthode est   psychologique. La petite loupe et le petit carnet constituent des outils important dans son enquête dite  traditionnelle. Le surgissement de Mrs Otterbourne bouleverse la scène. Témoin du meurtre de Luise Bourget, ayant assisté indirectement  à la scène fait accroître le suspense déjà par sa voix : son ton élevé  nous capte. Voix off de Oterbourne sert à expliquer les faits. Un  plan large sur Otterbourne montre l’intériorité du personnage.   Le rythme accélère par l’alternance des plans accompagnés de la puissance du son qui sert à argumenter le niveau de suspense. La curiosité du téléspectateur dégage un sentiment angoissant.  A peine Oterbourne dévoile le coupable on lui tire dessus.



   Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 1h23mn,06/1h29mn, 38.


Cette scène nous montre la révélation finale tant attendue par les protagonistes et le téléspectateur. Elle crée un effet de surprise car le coupable a été bien dissimulé.
On a une vue d’ensemble sur les protagonistes présent dans la cabine. Une vision objective sur Poirot montre sa supériorité et son savoir.  Selon Poirot ce crime était calculé soigneusement. Le cinéaste nous montre les détails dits « invisibles » par des flash back  pour expliquer L’histoire du crime. L’auteur des crime est bel et bien Simon Doyle avec sa complice Jacqueline de Bellefort . ils ont dissimulé leurs complicité afin d’éliminer Linnet Ridgeway. 








            Andy Wilson, Mort sur le Nil, 2004, 1h35mn,19/1h36mn,09.


La  fin tragique de Simon Doyle et Linnet Ridgeway, clôture la scène du film. 





Conclusion

              En guise de conclusion, Chaque support médiatique apporte  une démonstration qui  suscite le suspense. Le livre comme le film, mettent en œuvre une tension narratif ou dramatique  basé sur une incertitude et une inquiétude qui  crée  une attente angoissante.
Pour ce qui est de l'adaptation elle est plus ou moins fidèle au roman, le film a brouiller quelques pistes. 
Enfin la présentation de l'espace a été fidèlement respecté.  Le cinéaste introduit  l'espace clos  du récit dans le film. 













                                     Bibliographie :

Corpus :

 Agatha  Christie, Mort sur le Nil. Librairie Des Champs- Elysées : 1992, 287p.
Mort sur le Nil,

Andy Wilson, Mort sur le Nil, Kevin Elyot : 2004, 1h 37 mn.  








 Bibliographie secondaire

Raphaël Baroni, La tension narrative, Paris : Editions Du Seuil, 2007,413.

Jean-Marie Graiston, Agatha Christie et le roman policier d’énigme, Edition du Céfal, 1991.

Annie combes, Agatha Christie : L’écriture du crime, Paris, Les impressions nouvelles, 1989, 300 p.









































































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